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Intestin irritable

Le syndrome de l’intestin irritable : un trouble digestif bénin mais invalidant

Aussi appelé Syndrome de l’intestin Irritable (SII) ou Colopathie fonctionnelle, le Syndrome de l’Intestin Irritable est un syndrome très fréquent qui touche 6 millions de Français.

Ce qu’il faut savoir sur ce trouble.

Le diagnostic de SII s’appuie aujourd’hui sur les critères de Rome IV (2016) un consensus d’experts. Le syndrome de l’intestin irritable (II, anciennement appelé côlon irritable) ou colopathie fonctionnelle est un trouble gastro-intestinal qui appartient aux troubles fonctionnels intestinaux. Fonctionnel signifie qu’aucune anomalie des organes digestifs n’est constatée lors des examens. Sa prévalence est d’environ 5% en France ¹. Il touche deux fois plus de femmes que d’hommes et est souvent diagnostiqué chez les personnes de 30-40 ans.

Les symptômes du syndrome de l’intestin irritable ou colopathie fonctionnelle

Ce syndrome chronique (durée supérieure à 6 mois) qui évolue par poussées se manifeste par des douleurs abdominales récurrentes et des troubles du transit : des diarrhées et/ou une constipation. Il existe différentes formes de la maladie : des formes avec constipation prédominante (environ 1/4 des patients), des formes avec diarrhée prédominante (environ 1/3 des patients) et des formes avec alternance de diarrhée et de constipation ou formes mixtes (environ 40% des personnes présentant ce syndrome). Les douleurs sont plus ou moins intenses, le plus souvent intermittentes, et peuvent se manifester dans tout l’abdomen. L’émission de selles et/ou de gaz peuvent soulager ou aggraver ces douleurs. Des ballonnements importants sont souvent présents. Ils sont liés à une production de gaz qui se manifeste rapidement après les repas. D’autres symptômes non digestifs peuvent être associés aux douleurs abdominales : maux de tête, douleurs musculaires, fatigue, problèmes de sommeil…

Certains signes en revanche ne sont pas présents en cas de colopathie fonctionnelle et doivent alerter sur une maladie touchant les organes, notamment chez les personnes ayant plus de 50 ans : présence de sang ou de glaires dans les selles, amaigrissement, fièvre inexpliquée, douleurs au cours de la nuit.

Syndrome de l’intestin irritable : quel impact sur la vie quotidienne ?

Le syndrome de l’intestin irritable est un trouble bénin, qui a cependant un impact important sur la qualité de vie. Des études ont ainsi montré que les personnes souffrant de ce syndrome chronique avaient une qualité de vie dégradée par rapport aux personnes indemnes de ce trouble ². L’inconfort qu’il entraine peut perturber le sommeil, les relations sociales, la vie professionnelle. Ce trouble digestif peut même conduire à un état dépressif du fait des douleurs chroniques, de la non-reconnaissance de leur trouble et du côté tabou des symptômes dont les personnes n’osent pas parler à leurs proches.

Syndrome de l’intestin irritable ou colopathie fonctionnelle : les causes

Les causes du syndrome de l’intestin irritable restent inconnues, mais la connaissance sur les mécanismes a progressé. Il s’agit d’une maladie plurifactorielle. Les divers facteurs impliqués sont :

Des troubles de la motricité du côlon, et de l’intestin grêle à l’origine des troubles du transit
Une micro-inflammation de la paroi du tube digestif
Une perméabilité intestinale défaillante
Un microbiote déséquilibré (composition de la flore bactérienne intestinal déséquilibrée)
Une hypersensibilité du tube digestif : l’intestin est trop sensible à son contenu (selles et gaz)
Des anomalies de la transmission des signaux de la douleur au niveau du système nerveux central

Dans 15 à 20% des cas, le syndrome de l’intestin irritable apparaît après une infection bactérienne digestive (comme une gastro-entérite) ³. Un choc psychologique peut aussi être à l’origine de l’apparition de ce syndrome. Le stress et l’anxiété sont des facteurs aggravants.

Diagnostic du syndrome de l’intestin irritable ou colopathie fonctionnelle

Il n’existe pas d’examen spécifique pour diagnostiquer ce trouble. Le diagnostic du syndrome de l’intestin irritable est fait par le médecin sur la base d’un examen clinique de critères de diagnostic (critères de Rome IV) : présence d’une douleur abdominale récurrente survenant en moyenne au moins 1 jour par semaine dans les 3 derniers mois avec au moins 2 des critères suivants : douleur associée à la défécation ou une modification de la fréquence des selles ou une modification de la consistance (aspect) des selles. Les symptômes doivent être apparus au moins 6 mois avant le diagnostic. Les examens complémentaires qui peuvent être effectués en cas de signes d’alarme et/ou de signes à l’examen clinique (prise de sang, examen pelvien chez les femmes, coloscopie chez les personnes de plus de 45 ans, échographie abdominale…) ont pour objectif d’exclure d’autres maladies à l’origine de symptômes similaires.

Syndrome de l’intestin irritable : quel traitement ?

Il n’existe pas de traitement curatif de ce trouble digestif. Le traitement de l’intestin irritable ou colopathie fonctionnelle a pour objectif de soulager les symptômes. Il associe des conseils hygiéno-diététiques (augmentation de l’apport en fibres et en eau en cas de constipation, réduction voire suppression des aliments favorisant la production de gaz, alimentation pauvre en FODMAPs (Fructose, Oligo-Di and Monosaccharides and Polyols) si besoin, activité physique régulière, gestion du stress), des médicaments antispasmodiques (citrate d’alvérine, bromure de pinavérium, phloroglucinol…) qui soulagent les douleurs et les ballonnements, des médicaments régulateurs du transit (laxatifs non stimulants, dits de lest ou osmotique en cas de constipation, anti-diarrhéiques en cas de diarrhée). Des traitements complémentaires ont aussi montré une efficacité sur le soulagement des symptômes comme l’hypnose ^4,5. Les techniques de relaxation et de méditation de pleine conscience et la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) semblent aussi efficaces ^6,7.

Où en est la recherche sur le syndrome de l’intestin irritable ?

Les axes de recherche portent sur une meilleure caractérisation de la maladie, la recherche de nouveaux traitements. Les études portent également sur une meilleure compréhension d’une combinaison de traitements afin de voir si celle-ci peut avoir une meilleure efficacité qu’un traitement seul. La transplantation du microbiote fécal (TMF) grâce à un don de selles fait partie des traitements à l’étude pour rétablir l’équilibre intestinal en plus d’autres options de modulation ciblée (personnalisée) du microbiote intestinal.

¹ Sperber AD, Bangdiwala SI, Drossman DA, Ghoshal UC, Simren M, Tack J, et al. Worldwide Prevalence and Burden of Functional Gastrointestinal Disorders, Results of Rome Foundation Global Study. Gastroenterology. 12 avr 2020.

² Drossman DA, Morris CB, Schneck S, Hu YJB, Norton NJ, Norton WF, et al. International survey of patients with IBS: symptom features and their severity, health status, treatments, and risk taking to achieve clinical benefit. J Clin Gastroenterol. 2009 ; 43(6):541-50.

³ Texte syndrome de l’intestin irritable SNFGE.org, juin 2018 Syndrome de l’intestin irritable (SII) | SNFGE.org – Société savante médicale française d’hépato-gastroentérologie et d’oncologie digestive.

⁴ Ford AC, Harris LA, Lacy BE, Quigley EMM, Moayyedi P. Systematic review with meta-analysis: the efficacy of prebiotics, probiotics, synbiotics and antibiotics in irritable bowel syndrome. Aliment Pharmacol Ther. 2018;48(10):1044-60.

⁵ Peters SL, Muir JG, Gibson PR. gut-directed hypnotherapy in the management of irritable bowel syndrome and inflammatory bowel disease. Aliment Pharmacol Ther. 2015;41(11):1104–1115.

⁶ Blanchard EB, Greene B, Scharff L, Schwarz-McMorris SP. Relaxation training as a treatment for irritable bowel syndrome. Biofeedback Self-Regul. 1993;18(3):125–132.

⁷ Lackner JM, Jaccard J, Keefer L, Brenner DM, Firth RS, Gudleski GD, Hamilton FA, Katz LA, Krasner SS, Ma CX, Radziwon CD, Sitrin MD. Improvement in Gastrointestinal Symptoms After Cognitive Behavior Therapy for Refractory Irritable Bowel Syndrome. Gastroenterology. 2018;155(1):47-57. doi: 10.1053/j.gastro.2018.03.063. Epub 2018 Apr 25. Erratum in: Gastroenterology. 2018 Oct;155(4):1281. PMID: 29702118; PMCID: PMC6035059.

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